On laisse parfois entendre plus que ce que l'on dit. Le terme implicature conversationnelle désigne l'acte d'effectuer un tel sous-entendu (avec un léger abus, le même terme désigne souvent le contenu du sous-entendu plutôt que l'action). La marque caractéristique des implicatures conversationnelles est leur dépendance au contexte. En particulier, une implicature (putative) peut-être annulée lorsqu'un locuteur ecarte explicitement tel ou tel sous-entendu plausible de ses propos, ou elle peut-être renforcée si il choisit de rendre un sous-entendu explicite. Pour cette raison, depuis les travaux de Grice, la modélisation des implicatures privilégie un calcul dépendant du contexte et du contenu littéral des propos du locuteur à un traitement conventionnel de ces dernières. Toutefois les théories Griceenes achoppent sur un problème de symétrie. La plupart des théories essayent de contourner ce problème en brisant la symétrie à l'aide d'hypothèses plus fortes sur la notion de pertinence. Un autre problème (a priori distinct) porte sur la localité des implicatures, i.e. la question de savoir si celles-ci peuvent ou non être dérivées localement puis composées sémantiquement avec d'autres constituants. En nous appuyant sur l'analyse comparative de deux catégories d' exemples de 'renforcement' tirés de corpus, nous proposons un lien entre ces deux problèmes : nous avançons l'hypothèse que les implicatures puissent etre ajoutees 'localement' à la structure discursive, au fil de la conversation, mais que certaines contraintes de cohérence discursive régissent le statut qu'elles peuvent y occuper.

Enregistrement : https://drive.google.com/file/d/1J9naHNVHGM8yK0g1txwOPtj5EfpbDsxb/view?usp=sharing