La capacité humaine à reconnaitre des voix familières surpasse présentement toute technologie existante. Nous avons démontré, en employant une procédure standard de «parade vocale», que la familiarité élevée d’une voix permet une reconnaissance quasi-parfaite de locuteurs avec de brefs énoncés, mais non avec des syllabes uniques. Aussi, les taux d’identification obtenus ont augmenté significativement en fonction de la nasalité des segments, suggérant que l’identification porte sur l’information dynamique des mouvements et des cavités de résonance. De façon générale, ces observations impliquent que les processus de traitement de la parole portent non seulement sur les aspects verbaux, mais aussi sur l’information contextuelle sensorimotrice associée à la production d’un individu. Par ailleurs, la mise en mémoire de ces informations ne relèverait pas d’un processus explicite de rappel, mais plutôt d’une mémoire sensorielle agissant lors de l’écoute de signaux. Afin de démontrer cet effet, nous avons procédé à une étude de potentiels évoqués (PE) pour observer et mesurer les différences entre les caractéristiques électrophysiologiques lors de la présentation de voix familières et de voix inconnues.

Notons qu’en plus des implications théoriques, nos résultats ont une utilité au plan d’applications légales. En particulier, la reconnaissance de locuteurs familiers peut avoir une importance critique dans des cas de menaces diverses ainsi que lors de témoignages d’agents d’infiltration.